Les premières séances en psychothérapie

Comment débuter une psychothérapie ou une psychanalyse ? 


Je vous reçois dans le 9e arrondissement de Paris après une première prise de contact par téléphone au 06.87.22.53.40. 


Notre rencontre est un temps dédié à la libre association de vos pensées, de votre corps et de vos rêves.

Cette règle fondamentale est l’unique voie à suivre pour pouvoir approcher au plus près des symptômes qui entravent votre vie au quotidien. En effet, sans choisir ses pensées mais en parlant ce qui vient librement à l’esprit sans n’y opposer aucun jugement, un cheminement se dessine qui vient renseigner la personne sur elle-même.

Parce que la vie psychique de chacun ne lui est accessible que lorsqu’elle se manifeste par surprise ou à ses dépends (lapsus, actes manquées, formations de l’inconscient) la libre association tisse un fil invisible et fournit un « effet d’erre. »

Une accalmie momentanée de l'angoisse, une secousse, une prise de conscience ou seulement un apaisement sont quelques manifestations vivantes d'un travail psychique en train d'opérer.

Les réactions singulières à l’invitation du psychothérapeute sont nombreuses et toutes salutaires, car elle installe le patient dans une position d'engagement envers lui-même. Ses paroles résonnent autrement et viennent progressivement dénouer ce qui le faisait souffrir.

Brèves & articles :











Craindre pour sa vue -

Signifiants corporels & mythes 

Quelles sont les sources infantiles de l'inquiétude de se blesser les yeux ? 

Durant les consultations, hors de pathologies oculaires avérées, à mesure que le patient convoque son histoire d’enfance en parcourant la mer d’Œdipe, des souvenirs de l’inquiétance (terme freudien pour l'inquiétude) émergent sans être forcément reconnus par lui au titre de fantasme.

Mêlés pour beaucoup aux contes et légendes entendus dans l’enfance, des thématiques fantasmatiques font retour dans son discours. Certains de ces souvenirs semblent s’être fixés à des lieux particuliers du corps, comme dans le cas des yeux chez plusieurs patients.

Freud précise que « la source du sentiment de l'inquiétante étrangeté ne proviendrait pas d'une peur infantile, mais d'un désir infantile, ou, plus simplement encore, d'une croyance infantile. » (1)

Parmi les thèmes les plus saillants qui produisent cet effet inquiétant, nous avons aussi selon l’auteur ce qui touche aux thèmes du « double » et de « la poupée apparemment douée de vie. »

Si, pour tel patient « [ses] yeux ne peuvent pas faire le point sur ceux qui [l’] entoure, » ils sont aussi pour lui « une source profonde d’inquiétude depuis [sa] tendre enfance, susceptibles de lui faire perdre la vue, d’être transpercés ou rendus opaques à la vision. » La croyance infantile qui s’y rattache dans ce cas précis est celle d’avoir été « à l’image du chien aveugle de la famille, livré à lui-même dans le noir. »

Pour Freud, un cas d'inquiétante étrangeté par excellence est celui du conte de E. T. A. Hoffmann intitulé L'homme au sable (Der Sandmann) dans les Nocturnes (Nachtstücke) (2).

Récit d'où est sortie la figure de la poupée Olympia pour apparaître au premier acte de l'opéra d'Offenbach intitulé « Les Contes d'hoffmann ». (3)

« L'observation psychanalytique nous l'apprend [nous dit Freud] : se blesser les yeux ou perdre la vue est une terrible peur infantile. Cette peur a persisté chez beaucoup d'adultes qui ne craignent aucune autre lésion organique autant que celle de l’œil. N'a-t-on pas coutume de dire qu'on couve une chose comme la prunelle de ses yeux ? L'étude des rêves, des fantasmes et des mythes nous a encore appris que la crainte pour les yeux, la peur de devenir aveugle est un substitut fréquent de la peur de la castration. Le châtiment que s'inflige Œdipe, le criminel mythique, quand il s'aveugle lui-même, n'est qu'une atténuation de la castration laquelle, d'après la loi du talion, serait seule à la mesure de son crime. » (4)

(1) Freud, S. (1916-1920). « L’inquiétant » in Œuvres complètes volume XV, Paris, P.U.F., p. 167. (1919)
(2) (3) Freud précise en plusieurs NBP : Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776- 1822). Der Sandmann (1817). 3e volume de l'édition Grisebach des Œuvres complètes de Hoffmann.
(4) Ibid, p. 164.







L'angoisse

tempête existentielle 

Entre jouissance et désir : l’angoisse

Le désir, dit Lacan, se constitue en deçà de la zone qui sépare jouissance et désir et qui est la faille d'où se produit l’angoisse.

Ce repère théorique paraît complexe, mais il indique seulement que plus l'être approche son désir, plus l'angoisse sugit pour l'en détourner. Ce détournement, cet évitement mobilise beaucoup d'énergie et perturbe le court de l'existence. Subitement, l'être se met à bégayer, il s'embrouille et dit mal ce qu'il pense. Il s'isole dans ses pensées, les rumine et souffre. C'est là, dans cette tempête, qu'il vient rencontrer le psychanalyste.

Considérer l'angoisse en rapport avec le désir de l'être oriente la méthode du clinicien en séance, particulièrement lors de ces moments de tempête existentielle. Là, face à l’angoisse qui dépossède chacun de ses possibilités d'élaboration, le psychanalyste examine les pensées qui président à ce vécu, son surgissement et ses incidences.

Cet examen clinique permet déjà que le Moi se ressaisisse de cette « zone » d'angoisse située entre la jouissance et le désir. Car, c'est précisément là qu'est impliqué le sentiment de manque qui angoisse le patient.

Dans le séminaire sur l’angoisse, pour Jean-Pierre Cléro : « Lacan part d’une réfutation des positions d’Heiddeger et de Freud sur la question de l'angoisse ; les deux auteurs avaient opposé l’angoisse et la peur en soulignant que la première était sans objet, tandis que la seconde en a un.

Lacan renverse cette proposition : l’angoisse n’est pas sans objet. Seulement il ne s’obtient pas par une construction [et, parce que] (…) cet objet [est] affectif, (l’objet a) Lacan va demander aux philosophes (…) qu’ils travaillent à une nouvelle esthétique transcendantale. (…) Dans le cas de l’angoisse c’est plus à un signal qu’on a affaire qu’à un signe linguistique. » (1) 


(1) Cléro, J.-P. Dictionnaire Lacan, Paris, Éditions Ellipses, 2008, p. 36.








Guidance parentale -

Faut-il "diagnostiquer" son enfant ?

Pose de diagnostics, guidage parental, etc. 

Quelle prise en charge pour les familles ? 

De nombreux parents recherchent du soutien et des explications auprès de praticiens en guidance parentale mais, malgré les diagnostics qu'on leur a proposé, la souffrance de leur enfant perdure causant alors inquiétude et incompréhension.

Ils se questionnent alors sur leur capacité à appliquer correctement les méthodes prescrites et mettent un point d'honneur à y parvenir pour prendre soin de leur famille et apaiser ses tensions quotidiennes.

Ces questionnements autour de la famille traversent chaque époque et fondent même les efforts d'une génération entière à se départir de celle qui l’a précédé pour la dépasser tout en l’actualisant. C'est donc un processus adaptatif riche et créatif qui doit pouvoir perdurer.

Le recours à un professionnel de santé pour obtenir une guidance parentale est une demande qui comporte toujours une valence spécifique composée d’affects et de représentations.

La part affective est celle que va accorder dès le départ le parent à la parole du soignant lors de sa consultation. Car reconnaître la souffrance de son enfant induit d’en chercher la thérapeutique, même si cette démarche ne se soutient que d’un souhait au départ d’être guidé et non pas d’entrer formellement en psychothérapie

Pourquoi ces deux registres seraient-ils confondus ? 

Cette précision du cadre pour noter que la valence affective préexiste à la venue en consultation qu’elle qu’en soit son motif ou la spécialité du praticien consulté.

La part affective du lien au praticien ne peut être connue à l'avance, même dans les cas où le professionnel a était méticuleusement choisi pour ses domaines d’expertise.

L’enseignement freudien dans son ensemble qui a vu naître la théorie psychanalytique, mais aussi l’histoire de la psychiatrie et de la psychologie médicale ont mis à jour ce phénomène du lien au praticien appelé lien de transfert.

La psychologie est une science de l’homme qui a pour objet : « la science des fonctions, opérations, comportements, idées et sentiments dont le développement et l'organisation constituent les modalités de son adaptation au milieu physique, social et culturel dans lequel se déroule son existence. » (1)

Cette demande du parent relève donc bien du champ d'investigation psychothérapeutique impliquant une forme d’investissement affectif à la relation de transfert. S’y dévoile alors lors de la  séance la scène psychique du parent comme étant le « théâtre de ses opérations inconscientes » en tant qu’énigme présente chez tout un chacun, le parent y compris.

C’est en raison de ce transfert impossible à anticiper que nombre de parents sont très déçus lorsqu’ils ne trouvent pas la guidance recherché et qu'ils estiment insuffisants les conseils du praticien ou bien qu'ils trouvent son attitude simplement déplaisante ou antipathique. Le système des représentations mentales est alors engagé.
 
Effectivement, pour la part des représentations associées à la relation de transfert, elle revient d’abord à ériger le praticien en position de sujet supposé-savoir. Cette position donnée d'emblée au professionnel fait inconsciemment autorité chez toute personne confrontée à un savoir qui lui manque, qu’il soit ou non un parent désarmé.

À y regarder de près, la variété nosographique des pathologies attribuées aux enfants aujourd'hui ne cesse de croître. Elle possède des dénominations multiples qui relèvent chacune de spécialisation par des praticiens référencés.

Si autant de dénominations font désormais loi, comment penser alors que son enfant n’en porte pas au moins un trait ? Sinon, quelle utilité aux avancées scientifiques les plus actuelles dans les divers champs des sciences de l'éducation, de la psychologie du développement, des neurosciences en général, etc. ?

Ces avancées théoriques fournissent en effet un riche matériel à penser, elles visent à soutenir la parentalité pour orienter de nombreux parents dans leur tâche éducative. Elles proposent aussi plusieurs cadres théorico-pratiques d'un grand secours face à l’impuissance et à l’angoisse.

Pour autant, certains parents engagent une psychothérapie alors même que leurs symptômes ou ceux de leurs enfants se sont apaisés car ils reconnaissent que « ces symptômes ont pu finalement s’être déplacés sur d’autres champs de (leur) existence. »

Nous pouvons donc penser que cette guidance parentale soutient et renforce effectivement une instance psychique indispensable pour que l’individu s'affronte quotidiennement à la réalité : l'instance du Moi. Mais aussi que d’autres instances psychiques restent impliquées car elles exercent sur le Moi une action conduisant à ce qu'il reconnaisse une souffrance dans des signaux comme l’angoisse, la peur phobique, la frustration face au déplaisir, etc.

Cette guidance parentale sollicite donc certaines instances au détriment d’autres : le Moi est mis au premier plan au contraire de la vie inconsciente. Elle procède également par l’ajout de signifiants sociétaux visant à orienter les représentations de la souffrance psychique de l’enfant vers des dénominations partagées du type : « TDAH », « autisme », « addiction », « hypersensibilité », « dyslexie », etc.
 
En introduisant ces signifiants au vécu subjectif de chaque jeune patient, ces nouveaux outils prennent la forme d'une contamination du discours du sujet. Ils procèdent par l'introduction dans le discours singulier de signifiants prélevés à l'extérieur du cadre psychothérapeutique par le biais de conseils et de méthodes éducatives.

Cette méthode encoure donc aussi le risque de passer sous silence les nombreuses implications inconscientes du lien qui unit un parent à son enfant, de l’histoire de sa conception jusqu’à sa naissance et ainsi, d’évacuer la répétition inconsciente qui pourrait venir faire symptôme chez l’enfant.

Enfin, lorsqu'un praticien s’empare de la souffrance d’un père ou d’une mère en l’assurant qu’il (elle) est un bon parent, il peut venir introduire un rapport duel entre la position qu'il occupe lui-même par rapport au savoir : la position de maître du savoir, versus celui qui est étranger à sa vie et ses résistances inconscientes, le parent.

La posture du praticien est donc déterminante dans la conduite du travail en psychothérapie qui, lorsqu’elle est plutôt conduite par un clinicien occupant la positionde psychothérapeute fera appel au lien transférentiel dont il reconnaît les coordonnées cliniques. 


(1) EY H. (sous la Dir.) Manuel de psychiatrie, Ey H., Bernard P., Brisset Ch., 1° éd., Masson, Paris. 




Diagnostic psychiatrique - qu'est-ce que la bipolarité ?

Erreurs diagnostiques en psychiatrie

D’un point de vue sémiologique, un glissement du terme de psychose maniaco-dépressive vers celui de trouble bipolaire est à l'œuvre depuis de nombreuses années.

Sans prétendre décrypter l’ensemble des usages en psychiatrie aujourd’hui, depuis le DSM-4, il n’est en effet plus de bon ton de parler de psychose maniaco-dépressive tant notre époque insiste pour dédramatiser la souffrance psychique.

Justement comment un système du type DSM-5 crée t'il aujourd'hui un répertoire de troubles auquel les patients vont seulement s’identifier sans ne rien apprendre finalement de ce qui les font souffrir, ni même réduire leur symptomatologie ?

Car, si un traitement chimique réduit effectivement la survenue de certains troubles psychiques, il ne règle pas pour autant les souffrances de l'être qui consulte. Preuve en est, la venue des patients dans nos consultations en ville.

D'ailleurs, ce glissement sémantique évacue aussi la dimension structurelle pourtant indispensable pour établir un diagnostic clinique différentiel, car il nie par exemple certains marqueurs propres à la psychose (modes de défense, rapport à la jouissance de l’Autre par exemple). Ceci laissant se confondre la férocité des organisations intramoïques pouvant assaillir le névrosé obsessionnel avec le vécu d’angoisse psychotique.

L’issue malheureuse de cette erreur diagnostique consiste en ce que les médecins interprètent le déferlement de haine envers certains patients eux-même, comme des « crises paroxystiques » ou des vécus délirants par exemple en conduisant certains sujets obsessionnels à se faire hospitaliser en psychiatrie. Ils  sont parfois même assujettis de longues années à une importante pharmacopée chimique (thymorégulateurs, antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques) - prescription pourtant non pertinente dans le cadre d'une symptomatologie névrotique.

Justement, chez de nombreux patients aucun élément ne vient finalement corroborer ce premier diagnostic psychiatrique de psychose maniaco-dépressive mais au contraire, à la grande surprise de certains d'entre eux qui « fonctionnent normalement » sans aucun traitement. Certains souhaitent même au bout de quelques années de cure psychanalytique, faire reconnaître à leur médecin psychiatre que « [leur] place n’est pas dans une cohorte de patients bipolaires ».












Descartes "Je pense donc je suis "

Logique du fantasme : « ou je pense, ou je suis » 

Le vécu d’angoisse de n’être plus soi-même peut survenir lors de graves crises de dépersonnalisation par exemple. Il se rapporte à un récit plus ou moins délirant dans lequel les contours du Moi se troublent et le vécu corporel perd sa contenance.

Le vécu corporel de l'angoisse se réfère à la dialectique que Lacan a opposé au cogito de Descartes dans son séminaire intitulé "La logique du fantasme" (1).

Cette logique du fantasme passe par l’écriture. Elle est une logique grammaticale, flexible, qui rend compte de la jonction entre le sujet et l’objet cause de son désir (y compris son corps propre).

Dans cette logique, quatre fonctions mathématiques entrent en ligne de compte, dont celle dite du « Ou exclusif » illustrée par le diagramme d’Euler : « Ou bien je pense, ou bien je suis (pas je pense ou pas je suis). » Pour Lacan, si du « Ou exclusif » nous passons à l’application en ajoutant « donc » et supprimant le « Ou bien » alors nous revenons à la formule de Descartes : 

« Je pense donc je suis. » 


La différence entre les deux formules c’est pour Lacan, la dimension de l’inconscient. Dimension qui, lorsqu'elle est prise dans la logique du fantasme du sujet, se révèle ici à exclure l’être.