J. LACAN LE SÉMINAIRE livre VI
1958-59
Le désir et son interprétation
Les forces imaginaires du moi
J. LACAN LE SÉMINAIRE
livre VI
1958-59
Le désir et son interprétation
La théorie analytique repose toute entière sur la notion de libido, sur l'énergie du désir. Lacan pointe pourtant que son orientation a changé, passant de ce qu'il nomme pleasure-seeking à object-seeking, la théorie moderne de l'analyse prétend faire converger la recherche du plaisir et la recherche de l'objet. Alors que, comme il le rappelle :" le rapport poétique au désir s’accommode mal de la peinture de son objet. " (p.14)
Le but de ce séminaire consiste à définir ce qu'est le fantasme "pour autant qu'il introduise une articulation essentielle (...) de la non-opposition du sujet et de l'objet" (p.18)
Dans sa construction du graphe il distingue trois mouvements d'une même "génération" procédant par "antériorité logique de chacun par rapport à celui qui suit" (p.21) :
Dans le niveau infan du discours
La demande D représente la structure "basale, fondamentale qui soumet toute manifestation de langage régit par la diachronie à une chaîne signifiante du discours" (p.21) prend sa valeur et son sens de son rapport à un autre signifiant. C'est donc dans un système d'opposition signifiante que se développera la "batterie des signifiants" (p.21) c'est à dire leur synchronie, leur simultanéité. Ici une première rencontre se fait donc au niveau synchronique avec le point C : le code, qui installe d'emblée la demande D dans le registre de la loi. Le second point de recoupement est celui où se produit le message M. "C'est après-coup que le message prend forme, à partir du signifiant, du code, qui est là en avant de lui." (p.22) Le processus intentionnel va du Ça - l'inconscient prit dans le langage - jusqu'au I - la première identification, l’identification primaire -
Dans l'expérience en tant que sujet d'un désir
La seconde étape s’amorce lors de l'appréhension de l'Autre comme tel par le sujet. Ici "l'Autre est celui qui peut donner au sujet la réponse à son appel (...) c'est celui qui fera venir ou non dans la présence de la parole un signifiant ou un autre." (p.25) La question est alors posée à l'Autre "de là où le sujet fait sa première rencontre avec le désir, le désir comme étant d'abord le désir de l'Autre" (p25) C'est le Che vuoi? Que veux-tu? S'introduisent alors deux nouveaux principes. D'une part le principe de substitution, à partir de la commutativité entre les signifiants et le signifié s'établit pour le sujet "la barre" (S) qui atteste de la "coexistence, de la simultanéité et de l'impénétrabilité d'une différence, d'une distance entre signifiant et signifié." (p.26) D'autre part le principe de similitude qui fonde la dimension métonymique. Dans cette seconde étape, là où était le message M apparaît :
- ce qui est signifié de l'Autre : s(A)
- par opposition au signifiant donné par l'Autre : S(A)
La détresse du sujet
L'élément imaginaire, à savoir la relation du moi, m, à l'autre, i(a), permet au sujet de parer à sa détresse dans sa relation au désir de l'autre. Ici i(a) signe aussi le moyen par lequel le sujet est étoffé, augmenté de l'image de l'autre. De cette expérience du semblable s'instituent les relations de prestance, de soumission et de défaite qui permettent au sujet de "se défendre avec son moi." (p.29) Ici, ce que le sujet réfléchit "c'est lui-même comme sujet parlant" (p.30) Cf l'expérience du Miroir concave.
- Les procès qui permettent l'écriture du graphe partent en même temps des quatre points:
L'intention du sujet
A : Le sujet en tant que Je parlant
D : L'acte de la demande
X : Le S(A)
- Le procès de la distinction du Je de l'énoncé d'avec le Je de l'énonciation :
Lacan explique comment l'enfant s'éprouve à l'origine sur "le fond de ce que l'Autre sait tout de ses pensées, puisque ses pensées sont par nature et structurellement, le discours de cet Autre. La découverte que l'autre n'en sait rien, de ses pensées, inaugure la voie par où le sujet va développer l'exigence contradictoire que recèle le non-dit : la dimension de l'inconscient." (p.107)
La formule fondamentale du rapport intra-subjectif essentiel où, comme tel, tout désir doit s'inscrire est : (S barré/losange/a). Elle exprime cette absence du sujet qui est caractéristique de l'incidence du désir sur le rapport du sujet avec les forces imaginaires.
- Le niveau quésitif de la demande est celui de l'appel où le sujet est identique à son besoin,
- Le niveau votif correspond lui à une articulation du second degré où se qui tendait à s'exprimer du besoin du sujet se teinte d'un filtre, d'un refoulement.