Œuvres complètes

 - psychanalyse - vol. VI : 1901-1905

Trois essais sur la vie sexuelle. 

Fragment d'une analyse d'hystérie (Dora). Autres textes

Œuvres complètes - psychanalyse - 

vol. VI : 1901-1905

Trois essais sur la vie sexuelle. 

Fragment d'une analyse d'hystérie (Dora). Autres textes

Introduction

Les Trois essais étaient considérés parJ. Strachey comme l’œuvre la plus importante et la plus originale  de Freud -exception faite de l'Interprétation des rêves-. Les matériaux s'en sont constitués dès avant 1900. Freud a plus tard rappelé leur mise en place progressive (...) « premièrement, la sexualité est détachée de ses relations par trop étroites aux organes génitaux et elle est posée comme une fonction du corps plus englobante, tendant au plaisir, qui n'entre que secondairement au service de la reproduction. Deuxièmement, sont mises au nombre des pulsions sexuelles toutes celles qui sont simplement tendres ou amicales, pour lesquelles notre usage de la langue utilise le mot multivoque «d'amour.»

La correspondance avec Fliess permet de suivre l'évolution de la pensée de Freud sur les questions de la sexualité. Le 21 septembre 1897, Freud fait part à Fliess de la sa perplexité à l'égard de la théorie de la séduction. Son auto-analyse, en le mettant sur la voie du complexe d’œdipe, lui suggère l'existence d'une vie sexuelle de l'enfant, indépendamment de toute stimulation extérieure.« La sexualité dans l'étiologie  des névroses » (1898) réaffirme le rôle de l'étiologie sexuelle dans tous les cas de névrose, il met à nouveau l'accent sur l'action d'après coup des expériences sexuelles vécues à l'âge infantile.» Les Trois essais sont écrits au printemps 1905, en même temps que Le trait d'esprit et sa relation à l'inconscient.

 

Les aberrations sexuelles

 

Déviations par rapport à l'objet sexuel


L'inversion


Trois type d'inversion existe selon Freud :
- Absolue : l'objet sexuel ne peut jamais être de sexe opposé sans susciter une aversion sexuelle,  
- Amphigène : il manque à l'aversion le caractère de l'exclusivité, 
- Occasionnelle : inversion sous certaines conditions.

«Les invertis présentent des comportements variés dans le jugement qu'ils portent sur la particularité de leur pulsion sexuée. Les uns acceptent l'inversion comme allant de soi (...) et ils défendent âprement son égalité de droit avec l'orientation normale. D'autres se révoltent contre le fait de leur inversion et ressentent celle-ci comme une contrainte morbide. »(p.69) (Ceux-ci seraient plus enclin à un travail thérapeutique dont l'initiative dépendrait de cette « rébellion. ») Il existe une oscillation temporelle entre l'objet sexuel normal et l'objet sexuel inverti. Les cas où « la libido se change dans le sens de l'inversion, après qu'à été faite une expérience pénible avec l'objet sexuel normal » se révèlent être des cas particulièrement intéressants selon l'auteur.

En 1868 et 1869, soit seulement 37 ans avant la parution de cet ouvrage, l'écrivain hongrois K.M. Kertbeny,  forge  les  mots  allemands  homosexuell et Homosexualität en associant la racine grecque (homo, « semblable », parfois confondue avec le substantif latin homo, homme) et la racine latine (sexualis, « sexuel »). Les mots français homosexualité et ses déclinaisons homosexuel et homosexuelle apparaissent peu après, rapidement rejoints par l'antonyme hétérosexuel. Popularisé par un médecin aliéniste, Richard von Krafft-Ebing, dans son best-seller « Psychopathia sexualis » paru en 1886 dans lequel il intègre l’homosexualité à la théorie de la dégénérescence, les observateurs médicaux de l'époque ont d'abord rencontrés l'inversion « chez les malades nerveux ou des personnes qui donnaient l'impression de l'être. » (p.70)

Freud développe longuement la position de la psychanalyse sur le phénomène d'inversion, en référence à v. Krafft-Ebing qui estime « que la prédisposition bisexuelle dote l'individu aussi bien de centres cérébraux masculin et féminins que d'organes sexués somatiques. Ces centres ne se développent qu'à l'époque de la puberté, sous l'influence de la glande sexuée qui est indépendante d'eux dans la prédisposition. C'est dans la note de bas de page de ce chapitre (p.76) qu'il explique que « le premier à avoir eu recours à la bisexualité pour expliquer l'inversion doit être E. Gley qui, dès 1884, publia l'article  «Les  aberrations  de  l'instinct  sexuel.»  Freud propose ensuite un tour d'horizon historique des différentes publications sur ce sujet jusqu'en 1924.

 

Explication de l'inversion/ recours à la bisexualité

Pour expliquer l'inversion, Freud rejette alors à la fois l'hypothèse de l'innée et celle de l'acquis ; la pulsion sexuelle dans sa connexion à l'objet n'est ni apportée de façon innée, comme elle ne tient pas non plus à la variété des influences accidentelles venues au devant de l'individu. Cependant « deux pensées subsistent : à savoir que pour l'inversion entre en ligne de compte une prédisposition bisexuelle (dont nous ignorons les fondements anatomiques) et qu'il s'agit de troubles qui concernent la pulsion sexuée dans son développement. » (p.76)

 

Objet sexuel des invertis

 

En référence à l'antiquité grecque, Freud évoque le choix d'objet sexuel de l'inverti non en tant que désir envers son semblable mais contenant au contraire tout à la fois le caractère du sexe opposé et les attributs anatomiques du même sexe. « Il est clair que ce qui enflammait l'amour de l'homme, ce n'était pas le caractère masculin du garçon, mais au contraire son corps proche de celui d'une femme, ainsi que ses propriétés animiques féminines, timidité, retenue, besoin d'apprendre et d'être aidé par exemple. L'objet sexuel est donc (...) non le même sexe mais la réunion des deux caractères sexués, une sorte de compromis entre une motion qui réclame l'homme et une motion qui réclame la femme à condition que soit maintenue la masculinité du corps (organes génitaux): le reflet de la propre nature bisexuelle de l'inverti» (p.77)

C'est dans l'ajout de publication de 1910 que Freud fait part aux lecteurs d'une hypothèse sur l'étiologie de l'inversion « Nous avons constaté, dans tous les cas examinés, que ceux qui seront plus tard des invertis passent dans les premières années de leur enfance par une phase de très intense mais brève fixation à la femme (le plus souvent la mère) et, une fois cette phase surmontée, s'identifient à la femme et se prennent eux-même comme objet sexuel, c'est à dire que, partant du narcissisme, ils cherchent des hommes jeune et semblables à leur propre personne, qu'il veulent aimer ainsi que la mère les a aimés. » Il mettra ensuite en garde contre une conception excluante de l'inversion par la société de l'époque, conscient de la portée des analyses scientifiques à ce propos, « la recherche psychanalytique s'oppose avec la plus grande détermination à la tentative de séparer les homosexuels des autres êtres humains en tant que groupe d'une nature spécifique. » L'intérêt et la pertinence de la pensée freudienne s'ancre à nouveau ici dans le changement de paradigme qu'il se propose d'initier. L'étude de la déviance de la norme semble représenter pour lui le premier moyen d'étudier la genèse du  fonctionnement psychique “normal“. À ce titre, il questionne la normalité du choix d'objet exclusif « au sens de la psychanalyse, l'intérêt sexuel exclusif de l'homme pour la femme est donc aussi un problème ayant besoin d'être éclairci et non pas une chose allant de soi et sous laquelle se trouverait une attraction au fond chimique. »

 

Le choix d'objet de sexe opposé est alors non constitutif du « comportement sexuel définitif », « pour la psychanalyse, ce sont bien plutôt l'indépendance du choix d'objet par rapport au sexe de l'objet, la liberté de disposer également d'objets masculins et féminins (comme dans les états primitifs de l'enfance) qui apparaissent comme étant l'élément originel. » (p.78)

En conclusion de ce premier chapitre, Freud affirme que l'intérêt majeur de cette investigation réside dans son propre changement de regard concernant la « soudure » présupposée entre la pulsion et son objet : « nous sommes amenés à desserrer dans nos pensées la connexion entre pulsion et objet (...) l'expérience des cas tenus pour anormaux nous enseigne qu'il existe ici entre la pulsion sexuelle avec l'objet sexuel une soudure que nous risquons de ne pas voir dans l'uniformité de la configuration normale, où la pulsion semble porter avec soi l'objet. » (p.80) Il appuie son propos en se référent à Ferenczi « qui déplore avec raison que soit regroupé pêle-mêle sous le nom « d'homosexualité » (...) un certains nombre d'états très divers, d'inégale valeur, tant du point de vue organique que psychique, parce qu'ils ont en commun le symptôme de l'inversion ». Distinguant homo-érotisme de sujet et homo-érotisme d'objet, la tendance à la rébellion contre le penchant à l'inversion qui entre, pour Freud, dans la catégorie de névrose de contrainte n'entrerai en ligne de compte que chez l'homo-érotisme d'objet, qui,  absolument masculin, ne fait qu'échanger l'objet féminin contre l'objet masculin. »

Au cours de l'histoire de la psychiatrie le statut de l'homosexualité comme son diagnostique et ses méthodes de traitement ont donné lieu à de vives controverses et oppositions. Récemment, c'est le diagnostique « d’homosexualité ego-dystonique » qui a été choisi dans le DSM 3, c’est-à-dire un choix d'objet sexuel en désaccord avec les valeurs propres de la personne et donc susceptible de mener à une souffrance psychique. Comme les paraphilies - terme proposé par Wilhelm Stekel en 1920 pour remplacer le terme de perversion- (fétichisme, exhibitionnisme, sadomasochisme), l’homosexualité n’est donc considérée comme pathologique que lorsque la personne en souffre et cherche à changer de sexualité. Il semble justement que Freud voyait lui aussi dans la « rébellion » du sujet contre lui-même une motivation forte pour initier un travail thérapeutique.

Enfin, si dans la conception “normée“ du rapport amoureux une pulsion sexuelle n'existe jamais en dehors de son rapport avec un objet sexuel. Ici, c'est par l'analyse des déviances sexuelles que l'attention est désormais portée sur l'étude de la pulsion sexuelle en tant qu'énergie libidinale indépendante de son objet sexuel. « Freud (...) bat en brèche la conception dite populaire qui attribue à la pulsion sexuelle un but et un objet spécifiques et la localise dans les excitations et le fonctionnement de l'appareil génital. Il montre au contraire, comment l'objet est variable, contingent, et n'est choisi sous sa forme définitive qu'en fonction des vicissitudes de l'histoire du sujet. » (La pulsion/ Vocabulaire de la psychanalyse, J. Laplanche - JB Pontalis p. 360)

Déviations par rapport au but sexuel

 

Pour première définition du but sexuel, Freud dira qu'il s'agit de « l'union normale des organes génitaux  dans l'acte désigné comme accouplement » (p.82) sa finalité réside dans la résolution de la tension sexuelle à l'image du sentiment de satiété. La conception morale de son époque s'exprime ici dans ce qu'ils nomme les déviations : « détournement quant au but initial de la fonction reproductrice ». Ici, ses tentatives pour identifier l'étiologie des perversions le conduise à s'intéresser « aux facteurs par lesquels elles se laissent rattacher à la vie sexuelle normale » et, dans une  volonté  de  classification, elles se décomposent en deux registres : les outrepassements anatomiques et les arrêts aux relations intermédiaires. Le prisme choisi inclut donc toujours d'emblée la résolution du génital dans l'accouplement comme mode de relation centrale, tout “égarement“ quant à ce but est questionné par l'auteur en tant que déviation.

Cependant, dans Surestimation de l'objet sexuel  (p.83) - ajout d'édition 1905-1910 - Freud “humanise la pulsion“ en considérant que « l'estimation qui revient à l'objet sexuel en tant que but souhaité de la pulsion sexuelle se limite rarement aux organes génitaux mais s'étend au corps entier et à la tendance à inclure toutes les sensations émanant de lui. » Il attribue cette même surestimation au domaine psychique qui se manifeste en un « aveuglement logique (...) aussi bien qu'une docilité crédule envers les jugements émis par cet objet sexuel privilégié.» (p.83) Selon l'auteur «  la crédulité de l'amour devient ainsi une source importante, si ce n'est la source originelle, de l'autorité. » Il associera en note de bas de page le pouvoir suggestif de l'hypnotiseur à « une fixation de la libido sur la personne de l'hypnotiseur par le moyen de la composante masochiste de la pulsion sexuelle.» (p.83)

Nous trouvons ici sous une forme encore imprécise les prémisses de ce que Freud traduira plus tard par  les manifestations de transfert en psychanalyse, « phénomène dont il n'a jamais cessé de souligner à quel point sa survenue était étrange. Phénomène qui a permis de reconnaître dans d'autres situations l'action du transfert, soit que celui-ci se trouve au fondement même de la relation en jeu (hypnose, suggestion), soit qu'il y joue (...) un rôle important (médecin-malade, professeur-élève, etc). De même, dans les antécédents immédiats de l'analyse, le transfert a montré l'étendue de ses effets, dans le cas  d'Anna O. traité par Breuer selon la « méthode cathartique », bien avant que le thérapeute ne sache l'identifier comme tel et surtout l'utiliser.» (Transfert/  Vocabulaire  de  la psychanalyse, J. Laplanche - JB Pontalis p. 493)

L'aveuglement  logique évoqué par Freud rejoint l'hallucination amoureuse traitée par M.Gribinski («Dialogue sur la nature du transfert », P.U.F 2005, p.34) dont il dit « l'activité hallucinatoire emprunte à l'hallucination libre de l'enfant et aux phénomènes moins libres, visions et voix par exemple. Elle est proche par bien des aspects de l'activité transférentielle - avec laquelle elle partage un « sentiment » particulier, fait à la fois d'une conviction absolue et d'un doute plus ou moins accessible quant à la pertinence de cette conviction. »

Enfin, dans la classification des perversions, Freud précise que « pour des raisons esthétiques, on aimeraient attribuer les graves aberrations de la pulsion sexuée et bien d'autres aux malades mentaux, mais cela n'est pas possible. L'expérience enseigne que l'on n'observe pas chez ces derniers d'autres troubles de la pulsion sexuée que chez les bien portants, de toutes races et de toutes classes. (..) Le très curieux rapport entre les variations sexuelles et l'échelle graduée allant de la santé au trouble mental donne à penser. Les motions de vie sexuée font partie de celles qui, même normalement, sont les plus difficiles à dominer par les activités animiques supérieures. » (p.81)

(La définition donnée par le dictionnaire de l'animisme nous intéresse car son emploi par Freud est récurrente : « Doctrine qui, pour expliquer chaque phénomène de la vie et chaque maladie, fait intervenir dans les corps organisés, considérés comme inertes, l'âme pour principe d'action et cause première. » Le petit Littré. La Pochothèque, 1990)

 

Généralité sur l'ensemble des perversions

« Les médecins, qui ont d'abord étudié les perversions sur des exemples bien marqués et dans des conditions particulières, ont été naturellement enclins à leur attribuer le caractère d'un signe de maladie ou de dégénérescence, tout à fait comme pour l'inversion. » (p.94) Freud tente une définition de la perversion : « c'est quand (elle) ne survient pas à côté du normal (but sexuel et objet) mais quand elle a  refoulé et remplacé le normal en toutes circonstances ; - c'est donc dans l'exclusivité et dans la fixation de la perversion que nous nous voyons le plus souvent autorisés à la juger comme étant un symptôme morbide. » (p.95)


La lutte contre « des puissances endiguant le développement sexuel - dégoût, pudeur, moralité - » sont considérés par Freud comme « des précipités historiques des inhibitions externes que la pulsion sexuelle a connues dans la psychogenèse de l'humanité » (p.96- note de bas de page ajouté en 1915)
Il emploiera le terme de « puissances animiques » pour introduire ce premier dualisme pulsionnel
entre pulsions sexuelles et pulsions du moi
(pulsions d'auto-conservation) qu'il développera par la
suite dans Au delà du principe de plaisir (1920). « Ce dualisme est à l’œuvre, selon Freud, dès les
origines de la sexualité, la pulsion sexuelle se détachant des fonctions d'auto-conservation sur
lesquelles elle s'étayait d'abord
. » (La pulsion/Vocabulaire de la psychanalyse, J. Laplanche - JB 
Pontalis p. 360)

 

La pulsion chez les névrosés

 

Les symptômes névrotiques trouvent leur expression dans l'activité sexuelle des malades et la méthode cathartique est selon Freud seule à même de mener une investigation nosographique complète. La psychanalyse met le mécanisme du refoulement au cœur de la problématique névrotique, elle « pré-suppose qu'ils sont le substitut d'une série d'affects (...) dont l'accès à la conscience à était refusé » (p.97) Ce qui est mis à jour ici en complément aux Études sur l'hystérie de 1895 est « la force de cette source qu'est la pulsion sexuelle (...), l'analyse psychologique sait à chaque fois mettre à découvert et résoudre le caractère énigmatique contradictoire de l'hystérie en constatant l'existence d'un couple d'opposés que forment le besoin sexuel excessivement grand et une récusation du sexuel poussée trop loin. » (p.98)

 

Névrose et perversion

« Les enseignements de la psychanalyse (...) montrent que les symptômes psychonévrotiques ne naissent aucunement aux seuls dépens de la pulsion sexuelle dite normale mais qu'ils constituent l'expression convertie de pulsions que l'on qualifierait de perverses si elles pouvaient se manifester directement dans des projets de fantaisie et dans des actes, sans être déviés de la conscience. » (p.99)
Freud affirme que dans toutes les formes de psychonévrose « le penchant à l'inversion inconscient ne fait jamais défaut (...), les penchants aux outrepassements peuvent être mis en évidence dans l'inconscient, particulièrement ceux qui assignent aux muqueuses de l'anus et de la bouche le rôle d'organes génitaux. » (p.100)

Le rôle des pulsions partielles est éminent car elles « pourvoient à de nouveaux buts sexuels », par  exemple le désir de voir s'associe au désir de montrer, etc. Les formes actives et passives de la pulsion font appel à la cruauté dont la contribution est indispensable pour comprendre la nature de la souffrance des symptômes car elle domine le comportement social du sujet malade. « La libido, connectée à la cruauté » transforme l'amour en haine ; « toute perversion active et donc ici accompagnée de sa contrepartie passive (...) celui qui est exhibitionniste et aussi voyeur (...) et la complète concordance  avec le comportement des perversions « positives » correspondantes est assurément très remarquable.» (p.101)

 

Pulsions partielles et zones érogènes

La pulsion trouve sa source dans un « stimulus intrasomatique » à la différence du stimulus lui même qui est instauré par des excitations isolées venant de l'extérieur. « On différencie dans les pulsions partielles une contribution d'un organe recevant des stimuli (peau, muqueuse, organe des sens). Ce dernier doit ici être qualifié de zone érogène, en ce qu'il est l'organe dont l'excitation confère à la pulsion son caractère sexuel. » (p.101) « Parmi les psychonévroses, c'est dans l'hystérie que ressort le plus nettement  la signification des zones érogènes comme appareils marginaux et comme succédanés des organes génitaux. » (p.102)


La sexualité infantile

 

Longtemps ignorée, la sexualité précoce chez l'enfant n'a été évoqué chez différents auteurs qu'à partir de 1896 dans la revue « Les défectuosités chez l'enfant .» Freud dira qu'il cherche « la raison de cette remarquable négligence pour une part dans les considérations conventionnelles dont les auteurs  tiennent compte par suite de leur propre éducation, pour une autre part dans un phénomène psychique  qui s'est lui-même soustrait jusqu'à présent à l'explication : la singulière amnésie qui, chez la plupart des êtres humains, dissimule les premières années de leur enfance jusqu'à 6 ou 8 ans. » (p.109) S'étonnant de ce phénomène, Freud précise que l'on a pourtant des raisons de croire que notre mémoire n'est en aucune autre période de la vie, plus capable d'enregistrement et de reproduction que précisément dans les années de l'enfance.

La période de latence sexuelle de l'enfance et ses interruptions

 

Des puissances “animiques“ viennent barrer le chemin à la pulsion sexuelle, elles s'érigent telles des «digues» et restreignent son cours (dégoût, pudeur, exigences idéales esthétiques et morales), cependant Freud nous apprend que l'éducation y contribuant largement, elle ne serait pour autant la conditionner intégralement; « en réalité ce développement est organiquement conditionné, héréditairement fixé et peut occasionnellement s'instaurer sans aucun recours de l'éducation. » (p.113)

Formations réactionnelles et sublimation

Le procès de la sublimation est à entendre comme la déviation de l'utilisation des motions sexuelles qui se voient conduite vers d'autres fins, dirigées vers de nouveaux buts. En empruntant le terme “période de latence sexuelle“ à W. Fliess, Freud y voit l'origine d'un temps durant lequel les motions  sexuelles seraient inutilisables car les fonctions de reproduction à cette période sont ajournées. D'autres part, elles seraient en soi perverses, « c'est à dire émanant de zones érogènes et portées par des pulsions qui, (...) ne pourraient provoquer que des sensations de déplaisir. » (p.113) C'est pour réprimer efficacement un tel déplaisir que des « contre-forces animiques (motions réactionnelles) sont éveillées (dégoût, pudeur, morale).

 

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Résumé :

 

Dans l'élaboration ultérieure, la détermination de ce qui conditionne la vie sexuelle possède 3 issues : la perversion, le refoulement, la sublimation.

•  Les perversions par fixation auraient pour présupposé nécessaire une faiblesse innée d'un des facteurs de la pulsion sexuelle, la zone génitale, zone qui assume plus tard comme fonction le rassemblement des diverses activités sexuelles dans le but de la reproduction.

•  Le refoulement concerne des excitations empêchées par un obstacle qui trouvent leurs expressions dans les symptômes de la psychonévrose. Ici, du fait du phénomène pubertaire, la névrose vient prendre la place de la perversion en tant que son négatif.

•  La sublimation offre aux excitations particulièrement fortes provenant de différentes sources de sexualité un écoulement et une utilisation dans d'autres domaines (sources de l'activité artistiques,  personnes supérieurement douées). La formation réactionnelle comme sous-espèce de formation réactionnelle.